mondialisation
La banque qui domine le monde
Arte a diffusé mardi dernier 4 septembre un reportage (très bien ficelé : scènes de villes la nuit, montage soigné, …) de Jérôme Fritel et Marc Roche sur la banque américaine GolmanSachs, sur les "saigneurs" de la finance mondiale, surnommés à Wall Street les moines banquiers, leur devise :
Il n’est pas suffisant de réussir, il faut enfoncer les autres (Tout un programme … !).
Extrait du dossier de presse :
Plus qu’une banque, Goldman Sachs est un empire invisible riche de 700 milliards d’euros d’actifs, soit deux fois le budget de la France. On l’appelle "la Firme", comme dans les romans d’espionnage des années 1980. Après s’être enrichie pendant la crise des subprimes en pariant sur la faillite des ménages américains, elle a été l’un des instigateurs de la crise de l’euro en maquillant les comptes de la Grèce puis en misant contre la monnaie unique. Un empire de l’argent sur lequel le soleil ne se couche jamais, qui a transformé la planète en un vaste casino. Grâce à son réseau d’influence unique au monde, et son armée de 30 000 moines-banquiers, Goldman Sachs a su profiter de la crise pour accroître sa puissance financière, augmenter son emprise sur les gouvernements et bénéficier de l’impunité des justices américaine et européennes. Source.
Le reportage en ligne sur le site d’Arte
Pour une Banque centrale européenne au service des peuples et en finir avec la loi de la finance
L’ élite mondiale à l’abri de la “crise ” … !
Sur le blog Le Monolecte :
… La récession qui ravage actuellement les classes populaires et menace les classes moyennes des grands pays industrialisés du monde n’est pas la démonstration de l’échec des politiques de rigueur mises en place depuis 2008, mais bien la preuve éclatante que le transfert global des richesses vers une petite part de l’humanité est en train d’entrer dans sa phase efficace… Billet intégral : blog.monolecte.fr
La lumière du jour …
Le modèle “économique”, “éthique”, et “social” des transnationales
Le merveilleux monde de la globalisation (ou mondialisation) :
Les Nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent
Jean Ziegler
Fayard (2002)
Présentation de l’éditeur :
Aujourd’hui dans le monde, toutes les sept secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim. Le plus souvent victime d’un impératif et d’un seul, celui des maîtres du monde : le profit sans borne.
Ces nouveaux maîtres du monde, ce sont les seigneurs du capital financier mondialisé. Qui sont-ils et d’où tirent-ils leur pouvoir ? Comment les combattre ?
Au cœur du marché globalisé, le prédateur. Banquier, haut responsable de société transnationale, opérateur du commerce mondial : il accumule l’argent, détruit l’Etat, dévaste la nature et les êtres humains. Ce livre révèle son visage, analyse son discours, dénonce ses méthodes. Des mercenaires dévoués servent l’ordre des prédateurs au sein de l’Organisation
mondiale du commerce, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international.
Ce livre suit à la trace les satrapes de ces institutions au-dessus de tout soupçon, démonte l’idéologie qui les inspire et jette une lumière crue sur le rôle joué en coulisses par l’empire américain. Mais un peu partout dans le monde, la résistance s’organise au sein de l’extraordinaire front qui fédère tant de refus locaux porteurs d’espérance. C’est la nouvelle société civile planétaire, dont Jean Ziegler montre ici la richesse, la diversité et la détermination.
La puissance de ce livre engagé ne doit pas surprendre : les gens dont il brosse le portrait, Jean Ziegler les a bien souvent croisés ; les institutions qu’il critique, il les connaît de l’intérieur. Tous ces mouvements de résistance, il les fréquente et les estime. Et puis il a l’urgence.
JEAN ZIEGLER est professeur de sociologie à l’université de Genève et conseiller national (député) au Parlement de la Confédération. Il est rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation. Il a notamment publié La Suisse lave plus blanc, Le Bonheur d’être suisse, La Suisse l’or et les morts, et Les Seigneurs du crime.
Extraits :
En ce début de millénaire, les oligarchies capitalistes transcontinentales règnent sur l’univers. […] Leur pratique quotidienne et leurs discours de légitimation sont radicalement contraires aux intérêts de l’immense majorité des habitants de la Terre .
Les maîtres règnent sur l’univers autant par leurs énoncés idéologiques que par la contrainte économique ou la domination militaire qu’ils exercent. La figure idéologique qui guide leur pratique porte un nom anodin : « Consensus de Washington. » Il s’agit d’un ensemble d’accords informels […] conclus tout au long des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix entre les principales sociétés transcontinentales, banques de Wall Street, Federal Reserve Bank américaine et organismes financiers internationaux (Banque mondiale, Fonds monétaire international, etc.). […] Ses principes fondateurs […] visent à obtenir, le plus rapidement possible, la liquidation de toute instance régulatrice, étatique ou non, la libéralisation la plus totale et la plus rapide possible de tous les marchés (des biens, des capitaux, des services, des brevets, etc.) et l’instauration à terme d’une stateless global governance, d’un marché mondial unifié et totalement autorégulé. Le Consensus de Washington vise à la privatisation du monde.
En se réfugiant derrière des « lois du marché » aveugles et anonymes, la dictature du capital impose sa vision d’un monde clos et désormais immuable. Elle récuse toute initiative humaine, toute action historique issue de la tradition subversive du non encore existant, de l’inachevé, en bref : de l’utopie. Elle exclut l’avenir. […]. La naturalisation de l’économie est l’ultime ruse de l’idéologie néolibérale. »
À partir d’un certain volume d’affaires, les dirigeants d’un empire financier, d’une société transcontinentale ne peuvent se permettre d’agir selon la morale. Leur progression constante, la survie et la constante extension de leur empire exige une conduite totalement amorale.
La privatisation du monde affaiblit la capacité normative des États. Elle met sous tutelle les parlements et les gouvernements. Elle vide de leur sens la plupart des élections et presque toutes les votations populaires. Elle prive de leur pouvoir régulateur les institutions publiques. Elle tue la loi. De la République, telle que nous l’avons héritée de la Révolution française, il ne reste désormais plus qu’un spectre.
La rationalité marchande ravage les consciences, elle aliène l’homme et détourne la multitude d’un destin librement débattu, démocratiquement choisi. La logique de la marchandise étouffe la liberté irréductible, imprévisible, à jamais énigmatique de l’individu. L’être humain est réduit à sa pure fonctionnalité marchande. […] De la Chine au Honduras, au Mexique et au Guatemala, la Corée du Sud aux Philippines, l’esclavage contemporain frappe aujourd’hui près de 30 millions d’êtres humains.
Partout au Nord, mais aussi au Sud, le combat prioritaire mené par les oligarchies contre la puissance publique se concentre sur l’impôt. Combat, hélas, très souvent victorieux. Notamment en Europe. […] Les plus puissants parmi les prédateurs recourent à une méthode radicale : ils installent une ou plusieurs sociétés holdings gouvernant leurs empires dans un paradis fiscal. Ils échappent ainsi totalement à toute forme d’impôts ou de contrôle public de leurs activités.
La nouvelle société civile planétaire revendique le droit à la vie. […] […] Plus de 60 000 hommes et femmes, venus des cinq continents et appartenant à plus de 2 000 mouvements sociaux différents, se sont retrouvés en 2002 au second forum social mondial de Porto allègre, au Brésil. Ils exigent l’abolition du FMI et de l’OMC ; la suppression des paradis fiscaux, des rating agencies et de l’indépendance des banques centrales ; la fermeture de la bourse des matières premières agricoles de Chicago ; l’interdiction des brevets sur le vivant et des OGM ; la remise sans contrepartie de la dette extérieure des pays du tiers-monde ; l’introduction de la taxe Tobin et du contrôle public des fusions d’entreprises ; la création au sein de l’ONU d’un Conseil de sécurité pour les affaires économiques et sociales ; la revendication des droits économiques, sociaux et culturels de l’homme et leur prise en compte par le droit positif.
Les nouveaux chiens de garde
Serge Halimi
Liber, collection Raison d’agir (2005)
Les médias français se proclament « contre-pouvoir ». Mais la presse écrite et audiovisuelle est dominée par un journalisme de révérence, par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, par des réseaux de connivence.
Alors, dans un périmètre idéologique minuscule, se multiplient les informations oubliées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices, les services réciproques. Un petit groupe de journalistes omniprésents – et dont le pouvoir est conforté par la loi du silence – impose sa définition de l’information-marchandise à une profession de plus en plus fragilisée par la crainte du chômage. Ces appariteurs de l’ordre sont les nouveaux chiens de garde de notre système économique.
Extrait :
Parlant des journalistes de son pays, un syndicaliste américain a observé: "Il y a vingt ans, ils déjeunaient avec nous dans des cafés. Aujourd’hui, ils dînent avec des industriels." En ne rencontrant que des "décideurs", en se dévoyant dans une société de cour et d’argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme s’est enfermé dans une classe et dans une caste. Il a perdu des lecteurs et son crédit. Il a précipité l’appauvrissement du débat public. Cette situation est le propre d’un système: les codes de déontologie n’y changeront pas grand-chose. Mais, face à ce que Paul Nizan appelait "les concepts dociles que rangent les caissiers soigneux de la pensée bourgeoise", la lucidité est une forme de résistance.
Novlangue de l’ultralibéralisme touchant aux arts visuels :
business de la photo low cost
nouveaux modèles économiques de la photo
un modèle de grande entreprise innovante et libérale
l’incroyable liberté de circulation des informations
l’économique gagne toujours sur le politique
et tutti quantti
Maîtres du monde, savez-vous ce que vous faites?
La photo mondialisée, la photo entre les mains des fonds de pension
Sur le site Acrimed (site de réflexion critique sur les médias), un article intéressant d’ un photographe, sur la photographie de presse, partant d’un numéro de la revue Politis qui utilise en couverture une photo d’un mastondonte de l’image qui appartiens à un fonds de pension (démarche curieuse pour un média de gauche qui parle de changer la société), il en viens à la question suivante :
Ne retrouve-t-on pas dans le monde de la photographie et de la presse, des producteurs isolés, un marché globalisé, des prix de rémunération imposés par des intermédiaires et des acheteurs peu regardants sur les conditions de production ? Bref, des caractéristiques qui se répandent partout depuis que la « globalisation » ou la « mondialisation » ont hissé les « économies d’échelles », le « discount », le « low cost », en valeur en soi qui, dans le cas de la photographie, transforment un artisanat en terrain de stratégies financières ? Acrimed
Depuis, mettons 2005, la réponse à cette question est : oui ! Nous sommes dans la financiarisation ! La problématique formulée sous forme de question relève d’une certaine prudence qui n’ a plus lieu d’être. Le temps de poser des problématiques prudentes est dépassé ! Comme dirait La Boétie : «Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genou.».
Le marché de la photo est déréglementé, mondialisé, c’est clair et net ! Et ce dans l’intérêt des structures les plus capitalistiques, structures qui n’ont aucun complexe à exploiter les travaux des amateurs via les microstocks et autres. Même les structures publiques leur donnent un coup de main en utilisant les visuels à 3 francs 6 sous, c’est dire la régression sociale dans laquelle nous sommes …
Et c’est ainsi qu’au lieu d’un paradis je découvris l’aride désert du commerce. Je n’y aperçus que de la bêtise, sauf en ce qui concerne les affaires. Je ne rencontrai personne de propre, de noble et de vivant…Tout ce que je trouvai fut un égoïsme monstrueux, sans coeur, et un matérialisme grossier et glouton, aussi pratiqué que pratique. Jack London, Le Talon de fer.