Piou Piou
“Et quant vous ouvrez votre quotidien, pioupou d’un sou, cornet de pommes de terre frites, vous exhumez des tâches de graisse deux ou trois nouvelles qui ne sont pas seulement vraies.” Alfred Jarry.
Le “modèle” du tout gratuit
Un monde sans auteurs
“Que diriez-vous messieurs les pirates si du jour au lendemain, votre patron vous faisait travailler pour rien ? Vous descendriez certainement dans la rue, non ?”
Ossiane La gratuité tue la création !
“Il faut que cesse l’hypocrisie qui permet à de grandes institutions françaises et internationales de gagner de l’argent sur le dos de créateurs qui ont perdu, rien qu’en France, 1 milliard d’euros en 2008 à cause du piratage d’oeuvres cinématographiques sur Internet…
La loi doit défendre ces artistes. Une société qui ne protégerait pas le talent et la passion de la cupidité et du cynisme serait une société à bien des égards désespérante …”
Halte au piratage à grande échelle via Internet !, par Luc Besson
“La propriété littéraire et artistique est donc véritablement un apport de la Révolution, sous l’impulsion de Voltaire et de Beaumarchais…
le droit d’auteur est né pour protéger les auteurs des éditeurs …”
Les droits d’auteur pour les nuls sur le blog de Maître Eolas
La revue des feuilles de Madame la Marquise
Un monde sans auteurs
La com made in USA in Mayenne
Ce matin je reçois "Magazine Santé active le magazine des assurés sociaux mayennais", page 3, l’ours du magazine, la signature des photos : – Getty images (USA) – Photodisc : société US de diffusion de photo "libre de droit", rachetée par Getty images en 1998. – Et 2 sociétés françaises de diffusion de photos "libre de droit" (Reprise du "modèle" US).
Dans un café je feuillète 1 gratuit mayennais qui vends des espaces , 1 pleine page de pub pour le cinéma le Vox du Pays de Mayenne, photo genre "amateur-presse bouton", photo non signée (photo gratuite). Je vais sur le site d’un journal local, je tombe sur l’inévitable rubrique qui invite l’internaute à envoyer ses photos (Aliénation des droits du photographe amateur au profit de la société éditrice. Système du crowdsourcing : alimenter gratuitement le support de sa société commerciale avec les travaux des amateurs : engranger du contenu gratuit sur le dos des amateurs). Je vais sur le site d’un autre journal local, je tombe de nouveau sur une rubrique du même type. Faut-il également envoyer le texte qui va avec? Payer l’hébergement? Payer l’imprimeur pour la version papier ? Je vois la brochure du festival Reflets du cinéma – festival financé par la conseil général et autres nombreux partenaires – : "conception et mise en page", réalisée par un bénévole (Un Saint bénévole), pas de crédit photo, excepté l’inévitable Getty images (?). Les cinéastes sont des auteurs, les photographes qui shootent sur les tournages sont des ? Ils n’existent pas !
La liste pourrait être très longue.
Sur le magazine de février 2009 du Conseil général de la Mayenne, je vois la signature Corbis (à défaut de voir celle de Getty images, Corbis est la multinationale américaine de l’image concurrente de Getty images, Getty images qui appartiens à un fonds spéculatif américain) et plus loin, page 6, le cantique réitéré sur l’emploi : "… renforcer les solidarités envers les plus démunis, de soutenir l’activité économique et de préserver l’emploi…" (Droite). "…la prise en compte des besoins en matière d’emploi, de solidarité et d’écologie …pour que chaque Mayennais et chaque Mayennaise puissent aller de l’avant". (Gogoche unie).
Quelle place pour les pros de l’image, quelle place pour les auteurs, dans ce système de recherche systématique du coût le plus bas , de recherche de la gratuité ? De quelles "solidarités" s’agit-il quant un service com (d’une structure publique, financée par le public, par les mayennais, par l’Etat) achète des photos à une multinationale américaine ? "Aller de l’avant" ? C’est à dire ? Faire des opérations de com, main dans la main avec le service com d’une multinationale de l’eau pour se faire mousser sur la presse locale ? Utiliser de manière systématique des photos gratuites bas de gamme ? Bricoler des mises en page, des sites web, … ? Boycotter de manière quasi systématique les auteurs ? Celle d’ "Aller de l’avant" à la caisse de la CMU avec une agent de la sécu qui aura l’amabilité de vous proposer le "magazine santé active" avec ses images stéréotypées libre de droit ? Celle d’ "Aller de l’avant" vers les joies du RSA ? Avec comme possibilité de "réinsertion sociale" celle de faire des photos gratuitement dans une assoc ? Au mieux celle de faire éventuellement de la photo au kilo pour toutes utilisations (le commanditaire les utilisent pour tout types de supports à sa convenance et les diffusent gratuitement pour la presse et l’édition, sans aucun versement de droits d’auteur au photographe, système qui reviens à fonctionner comme le " libre de droit ").
Dans ce système on fait appel à vos services si vous êtes rentable et pas cher(photos au kilo) , çà ne vole pas plus haut que çà. Au mieux être utilisable pour des photos au kilo et dans tous les les cas jetable.
Que diriez-vous messieurs, mesdames, si du jour au lendemain, votre patron vous faisait travailler pour rien ? Vous descendriez certainement dans la rue, non ! Que diriez vous si du jour au lendemain, messieurs les biens installés, bien ancrés, on vous supprimait votre retraite ?
Votre "modèle" est celui d’un monde désespérant, un monde sans auteurs, celui du nivellement par le bas et de la production d’une société duale, vous produisez, toutes pratiques cumulées, de l’exclusion sociale !
Commentaires reçus (ancienne version de Grenouille niouzes) :
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Voeux 2009 visuellement made in USA
Le Conseil général de la Mayenne nous souhaite ses "meilleurs voeux 2009" avec une photo de bébés, une photo de studio d’une photographe américaine basée à Boca Raton en Floride, photographe dont les travaux sont diffusés par la multinationale de l’image Ghetty images. Sur le support que j’ai entre les mains il n’y a aucune mention du nom du photographe et de l’agence.
Je reprends les éléments du post de la rubrique "Actus du coin": Ghetty images: multinationale de l’image basée aux USA (qui a récupéré "nombre" de photothèques à travers le monde et "nombre" de stocks photo "libre de droits") avec des bureaux dans 100 pays. Propriété du milliardaire Marc Ghetty, a été racheté en février 2008 par le fonds de capital-investissement (private equity fund) Hellman & Friedmann (spécialisé dans les médias, les services, la santé et l’énergie) pour 2,4 milliards de dollars. Ce même fonds viens récemment de reprendre les activités de gestion d’actifs de la banque d’affaires Lehman Brothers, banque prise dans la tourmente de la crise financière US.
Sur Ghetty – Hellman & Friedmann: http://www.nypost.com/seven/02262008/business/fund_grabs_getty_99336.htm
…La société est une véritable machine à faire du "cash", ses dépenses opérationnelles ne dépassant pas 26,6% de son chiffre d’affaires. Cette caractéristique rendait fort probable l’acquisition du groupe par un fonds d’investissement, car ces sociétés financent leurs acquisitions par endettement et doivent donc reprendre des sociétés dégageant de fortes marges…" http://www.ladepeche.fr/article/2008/02/25/437262-Getty-Images-rachete-par-le-fonds-Hellman-Friedman.html
Machine à faire du cash pour les actionnaires, des miettes pour les photographes!
C’est bien connu en Mayenne, y’a pas de pros de l’image, voire même en France, y’as pas de photothèques indépendantes non plus ! Y’as plus que GhettyImages et le Nasdaq ! "Le Conseil général demeure déterminé à accompagner tous ceux qui entreprennent et contribuent à dynamiser la croissance économique et démographique de la Mayenne" Dixit Mr J Arthuis, Président du Conseil Général de la Mayenne. Editorial, Horizons Mayenne, novembre 2008.
Les pros de l’image ne doivent sans doute pas faire partie du paysage économique de la Mayenne ! (Faut laisser ses photos à Ghetty? Pour toucher des clopinettes et engraisser les actionnaires de Ghetty-Hellman & Friedmann !).
"Cette crise n’épargne pas notre département. Le ralentissement de l’activité économique est perceptible avec ses conséquences pour l’emploi et le chômage redevient une angoisse pour nombre de citoyens". Dixit Mr J Arthuis, Président du Conseil Général de la Mayenne, Horizons Mayenne, décembre 2008.
- En reprenant un commentaire reçu – Les fonds spéculatifs américains ont une grosse responsabilité par rapport à la crise financière et par rapport à la récession économique qui va avec. Alimenter un de ces fonds américains, via le service de communication d’un organisme public : est ce que c’est éthique ? Est ce que c’est bon pour l’emploi et le développement économique en Mayenne ? Mme Cyber-Ubu + Joe & Co.
Une couche de plus !
"Grossièrement illégal !"
Il y a depuis quelques années des sociétés qui diffusent des photographies dite « libre de droits » à des coûts très bas (jusqu’à 1 euro seulement la photo), on peut voir la signature de ces agences photo (appelées des « microstocks ») sur tout type de supports de communication, supports provenant du secteur privé comme du secteur public -1-.
Cette pratique de casse des tarifs leur permets de s’accaparer la plus grande partie de la clientèle des utilisateurs de photographies – et de graphismes- (publicitaires, éditeurs, services de communication). Ces sociétés fonctionnent essentiellement avec une multitude d’ amateurs photographes qui touchent quelques cents d’euros sur chaque vente (Système du crowdsourcing : alimenter sa société gratuitement avec la foule, avec les amateurs – article très intéressant sur le crowdsourcing – ).
Est ce que tous ces amateurs des agences « libre de droit » déclarent leurs ventes ? Est ce que ces amateurs versent des charges à une caisse ? Est ce que les agences photo « libre de droits » versent des charges sociales à la caisse des auteurs pour leurs ventes de photos "libre de droits" ? Les sociétés du « libre de droits » sont devenues tellement présentes sur le marché que leur « modèle social » influe sur les agences photo traditionnelles (baisse des tarifs, création de rubriques « libre de droits » en plus du système de droits gérés). Au point où la notion de rentabilité est souvent absente de nombre de cession de droits pour le professionnel qui alimente ces agences. Professionnel, qui en plus de réaliser les photos à ses frais, passe beaucoup de temps à sélectionner ses photographies et à les formater une par une afin qu’elles soient intégrées sur la photothèque en ligne de l’agence. Quelle place reste t’il dans ce système pour les professionnels qui déclarent leurs ventes et payent des charges sociales ?
Ce système, ce "modèle" économique, où ce sont des sociétés privées , qui d’une certaine façon impose leur "loi", "loi" qui est celle du marché, "loi" du "dumping social". Une "loi" qui piétine sans complexe le droit, avec un cynisme qui va jusqu’à déclarer dans leur discours-marketing que leur système de vente est 100% légal !
Quant on visionne sur le net la vidéo d’une conférence organisée fin 2008 par une organisation de photographes professionnels, on peut prendre note avec intérêt des propos tenus par un avocat spécialisé en propriété intellectuelle: http://www.photographie.com/?pubid=105233&secid=2&rubid=8 -deuxième partie de la vidéo , minute 19 – Extraits :
« …en droit, la notion de libre de droit, le modèle économique du libre de droit, est totalement incompatible avec les règles du Code de la propriété intellectuelle … Sur le plan juridique le libre de droit est illégal pour deux raisons, la 1ière, c’est que le droit d’auteur est fondé sur un principe essentiel : chacun des droits cédés doit faire l’objet d’une formulation contractuelle définie précisément … Quant x commercialise des paquets de photo pour un usage illimité c’est grossièrement illégal … La 2ième : le Prix. La cession de droits est assimilé en France à de la vente, la vente dans le code civil fait l’objet de dispositions qui protègent l’ordre public et économique … quant une vente est faite sur la base d’un prix… qui est dérisoire: la vente est nulle… ».
Comment se fait-il que les sociétés de diffusion de photos sur le modèle du « libre de droits » soient aussi présentes et aussi dominantes sur le marché de l’image ? Comment se fait-il que les pouvoirs publics restent passifs par rapport à une telle situation? C’est une situation à leur convenance ? Le droit d’auteur qui protège les "petits", qui protège les auteurs, il faut le faire éclater pour l’intérêt du marché ?
Photos gratuites libre de droits
Le dumping social tendance high-tech
Régulièrement, quant je surfe sur le net, je tombe sur des sites qui vantent le “libre de droits” et sur des sites de diffusion de photos dites “libre de droits”, çà pullule sur la toile, ils sont les uns sur les autres, c’est à celui qui sera moins cher que l’autre dans la vente au kilo de photographies, au point d’aller pour
attirer le client jusqu’ à proposer des photos gratuites ou “au pire” pour quelques euros!
Il faut dire que la matière première qu’ils exploitent, ils ne la payent pas, elle est fournie gratuitement par la foule des internautes amateurs, ces derniers vont même jusqu’à se donner la peine de taguer leurs photos ! Iront-ils jusqu’à fournir le texte qui va avec? A payer un graphiste pour la mise en page? A payer l’imprimeur ? A payer le papier ? A payer les frais d’hébergement des sites ?
Tout ce joli monde, où la notion d’auteur n’a plus sa place (Si vous voulez perdre la propriété intellectuelle de vos oeuvres et enrichir celle du diffuseur, un bon moyen: les mettre sur les microstocks et autres plate formes), se présente comme étant un monde d’échanges, de partage, de nouvelles modalités de communication, de nouveau paysage photographique… Un monde en fait au delà du droit, où l’innovation technique est en elle même porteuse de nouvelles normes “juridiques”, le web aurait tout changé, il serait une sorte d’instance supra-juridictionnelle qui imposerait de lui-même de nouvelles légalités, le “libre de droit” serait « 100% légal »!
Curieux qu’un système technologique puisse produire de par sa seule existence un nouveau code, en l’occurrence un code de désappropriation, un code où les auteurs d’oeuvres n’existent plus, ou s’ils existent encore, cela ne peut être que des amateurs censés se réjouir de l’utilisation de leurs travaux (réalisés sur leur temps libre) sur des supports appartenant à des structures commerciales, des groupes de presse, d’édition, de communication, des multinationales de diffusion de contenus culturels. Utilisation de leurs travaux sans aucune rétribution (sites de “partage” photo), ou alors sous forme de miettes (et sans versement de charges sociales à des caisses d’auteur, ç’est ce qui s’appelle du « black », c’est çà, non ? !).
Tous ces charmants acteurs de cette économie basée sur l’innovation technique qu’est le net ne font en fait qu’exploiter de manière cynique la potentialité de toucher la foule, de phagocyter la production des amateurs au niveau mondial (le tout en prenant bien soin de préciser le “-C-tous droits réservés” sur leurs sites concernant leurs droits à eux!).
Ils sont les acteurs actifs d’un dumping social extrémiste, celui du crowdsourcing (approvisionnement gratuit par la foule). Leur motivation: se faire un maximum de cash le plus rapidement possible et se faire racheter au bon moment pour faire juter au maximum.
Les microstocks (diffusion de photos à coûts très bas), les plate formes d’hébergement gratuit de photos, etc…, sont sur le “modèle” de cette économie, une économie avec des profits et des capitalisations boursières pour les sociétés qui exploitent la manne gratuite de la foule, et rien pour la foule, au mieux quelques euros avec mise en avant de quelques uns d’entre eux pour assurer la com, pour mettre de l’huile dans le système.
C’est de la casse sociale pure et simple, du cynisme mercantile le plus total et vieux comme le monde, cynisme qui est celui d’un dumping social jusqu’au-boutiste, dumping qui avance masqué avec une rhétorique acéré, celle d’un discours marketing affuté et trompeur, comme on peut le lire sur les sites de ces nouveaux épiciers qui s ’alimentent sans le moindre complexe sur le dos des amateurs. (Amateurs, dont la plupart, neuneux de service, s’y prêtent volontiers!).
JLB
Pierre Bourdieu sociologue:
“Il faut que les artistes s’occupent de leurs moyens de diffusion, qu’ils ne se contentent pas de faire des oeuvres. Un des grands obstacles est que ceux qui s’occupent de ça, ce sont les commerciaux, les cyniques, les vendus.»
http://users.skynet.be/cadtm/pages/francais/Bourdieuentretien.htm
“Et c’est ainsi qu’au lieu d’un paradis je découvris l’aride désert du commerce. Je n’y aperçus que de la bêtise, sauf en ce qui concerne les affaires. Je ne rencontrai personne de propre, de noble et de vivant … Tout ce que je trouvai fut un égoïsme monstrueux, sans coeur, et un matérialisme grossier et glouton, aussi pratiqué que pratique.”
Jack London, Le Talon de fer.
Les Creative Commons dans l’espace marchand
Cette photo n’est pas sous CC ! Toutes utilisations supposent l’accord préalable, sous forme écrite de l’auteur et le versement de droits d’auteur par l’utilisateur !
Sur Wikipedia le système des Creative Commons (CC) est présenté comme étant une “organisation à but non lucratif consacrée à épandre le champ de travaux créatifs pour les autres, afin de construire dans la légalité et le partage”.
Le système de licences des CC a été inventé afin de créer une alternative (afin de compléter ? Ou de contrer ?) au système du copyright : au lieu de soumettre toute exploitation des oeuvres à l’autorisation préalable des titulaires de droits, les licences C C permettent à l’auteur d’autoriser à l’avance certaines utilisations selon des conditions exprimées par lui, et d’en informer le public.
Visiblement après une période idéaliste (préoccupation de faire circuler les biens culturels via internet : information scientifique, partage de photos, musique entre particuliers, …, nous sommes en train de passer à une seconde phase.
Phase qui s’exprime de manière explicite dans un rapport de 2005 (avec le soutien de France télécom), rapport qui se préoccupe du développement futur des CC et ” de leur usage et de leur utilisation dans des approches industrielles” et qui se pose la question de savoir: ” en quoi le régime CC peut jouer un rôle dans l’économie des biens culturels… ”
Extraits:
” … nous nous penchons sur les limites actuelles des CC qui sont autant d’obstacles à lever pour envisager leur utilisation par des acteurs économiques majeurs…
Quels sont les limites (techniques, juridiques…) qui font obstacle aujourd’hui à un
plus grand usage des licences CC et ce faisant à leur mobilisation dans un environnement industriel ? Quelles sont les pistes pour lever ces obstacles ?… “
http://vecam.org/IMG/pdf/etude_Sopinspace_Creative_CommonsV1.pdf
Phase qui s’est concrétisée avec la nomination de Joichi Ito (entrepreneur et investisseur dans des start-up comme Last.fm, Flickr, Twitter, Six Apart…) en avril 2008 à la tête de l’organisation des CC.
Ito prend la place de Lawrence Lessig (juriste américain).
Interview de Ito sur Libération.fr (Sept 2008):
“Creative Commons, ce n’est pas seulement pour les gauchistes et les universitaires”
http://www.ecrans.fr/Joichi-Ito-Creative-Commons-ce-n,5072.html
Avec Ito j’ai l’impression, en décodant ses propos, que çà deviens très terre à terre, de l’idéalisme de l’échange on passe à la question de savoir:
Comment faire un maximum de cash pour les industries de contenu en ligne ? Comment exploiter au mieux avec l’outil des CC les oeuvres des amateurs qui cherchent à partager, à se faire connaitre, … ?
çà me fait penser au phénomène de l’explosion des radios en France dans les années 80, radios, qui pour la plupart sont rapidement passées sous le coupe de groupes, les transformant en déversoirs à tubes et à publicités.
Bienvenue au royaume des CC !
Comment peut-on réellement être dans un espace de partage non commercial quant on a ses oeuvres sur une plate forme comme Flickr (qui appartiens à la multinationale us Yahoo) ?
Dans la phase actuelle d’intégration dans l’espace marchand (groupes de presse, industries des contenus), les CC constituent une sorte de prétexte “légal” (une machine pseudo juridique permettant d’exploser les droits d’auteur), un système adéquat, un outil permettant de dégager un maximum de profits du crowsourcing (Crowsourcing comme mainmise des industriels du contenu sur les productions par la foule, le site Flickr en étant un ex explicite).
Joe
Exemple concret d’exploitation de contenu en ligne par une PME de presse:
http://www.marianne2.fr/Allemagne-d-aujourd-hui-1-4-un-succes-economique-en-trompe-l-oeil_a84611.html
Une usine à Djakarta. (Photo Delgoff, flickr,cc).
Marianne2 a pris la photo sur la page Flickr de Delgoff:
http://www.flickr.com/photos/delgoff/1726873295/
0 euros pour l’auteur de la photo, auteur pas mis au courant par la rédaction de Marianne2.
Il y a plein de photos CC sur ce journal en ligne !
Dans google:
site: marianne2.fr flickr
boite de recherche + clik sur l’onglet images
Pourtant la société Marianne à les moyens pour payer les photographes:
“Un contrat de régie publicitaire en ligne a été conclu avec la régie Hi Media. Marianne2.fr a en effet généré près de 4,5 millions de pages vues sur les 30 derniers jours …”
http://www.marianne2.fr/blog/Davantage-de-reclame-sur-Marianne2-fr_a31.html
Marianne2.fr est le journal en ligne de l’hebdomadaire Marianne.
Capital social 4.319.064,00 EURO
Chiffre d’affaires 24.100.000 EU au 30-06-2006.
Transnationales Idéologie du gratuit CC
Le système des Creative commons se présente avec une philosophie du gratuit en utlisant des notions comme celle de partage, de créativité, …
On retrouve cette même idéologie du gratuit avec le site de Libération qui présente son blog photo (http://photos.blogs.liberation.fr/, alimenté gratuitement par des photographes amateurs, photos que Libération s’autorise à utiliser gratuitement!) comme un espace de liberté, de convivialité où l’internaute peut laisser libre cours à son imaginaire, son originalité , son plaisir …
On nous sert un univers de libre circulation des oeuvres, de partage, de liberté, de vie culturelle intensive entre membres de communautés virtuelles …
A qui profite cet “eldorado” aussi “convivial” ?
A qui profite l’approvisionnement par la foule des plates formes de photos, vidéos, musique…?
Aux auteurs ? Ou, avant tout aux groupes industriels qui possèdent ces plates formes de ” gratuité ” ?
La captation industrielle des oeuvres, via internet, est désinteressée ? Ne serait ce pas plutôt le principe d’intérêt financier qui prime dans toute cette salade de “partage en ligne” ! Intérêt qui se masquerait avec les concepts de gratuité et de liberté, et qui se masquerait d’autant plus que les enjeux financiers sont importants, les subterfuges étant proportionnels aux possibilités de faire des profits pour les multinationales !
“L’esprit des licences Creative Commons correspond à la philosophie de Virgin.” Groupe Virgin. Source: http://www.ecrans.fr/Creative-Commons-poursuivi,2203.html.
Campagne de publicité de “Virgin Mobile Australia” avec une photo amateur Flickr (en creative commons) d’une adolescente de 15 ans :
http://www.smh.com.au/news/technology/virgin-sued-over-photo/2007/09/21/1189881735928.html
http://www.yannicklejeune.com/2007/09/alison-chang-co.html
Le groupe Yahoo rachète Flickr (Société canadienne Ludicorp)
“Beaucoup de ces services reposent, au moins en partie, sur des services indépendants que Yahoo! a acquis au fil du temps – tel que l’hébergeur GeoCities, eGroups ou Rocketmail. Beaucoup de ces acquisitions sont controversées et peu populaires auprès de certains utilisateurs, Yahoo! modifiant les termes du service. La société prétend par exemple posséder des droits intellectuels sur le contenu des serveurs, ce que les anciennes sociétés ne faisaient pas …
En février 2008, Microsoft annonce son intention de racheter Yahoo pour 44 milliards de dollars…”
http://fr.wikipedia.org/wiki/OohaY!
Gratuit ! Du déploiement de l’économie numérique
Olivier Bomsel
Folio Actuel (mars 2007).
Jamais la gratuité n’a été aussi présente, vantée et disputée qu’à l’ère numérique. Ce phénomène historique et économique singulier est souvent identifié à la baisse continue des coûts de traitement et de transport de l’information. Or il consiste avant tout dans les ” effets de réseau ” : grâce à l’extension du champ du codage binaire, les innovations numériques (Internet, moteurs de recherche, téléphones mobiles, moyens de paiement électroniques, télévision, etc.) voient leur utilité croître avec le nombre d’utilisateurs. Il faut donc conquérir le plus rapidement possible, par des subventions habilement choisies et créatrices d’irréversibilités, une masse critique d’utilisateurs. Résultat ? Des transferts mais aussi des rentes, des conflits d’intérêts ; on ne propose plus du ” moins cher ” comme au temps du fordisme et de sa concurrence par les coûts, mais du gratuit, catalyseur de déploiement ; grâce à cela, des monopoles émergent, avec la domination de Microsoft, le succès de Google, le déploiement de la téléphonie mobile ou des réseaux peer-to-peer… Arme économique redoutable, le gratuit n’est plus une subversion collective, mais un outil privé au service des entreprises. Ses mécanismes sont plus subtils, plus violents, plus contestables que les promesses qui les entourent. Qui a intérêt à donner ? Comment les transferts s’opèrent-ils ? Dans quels buts, au bénéfice de qui, en quête de quels effets ?
Olivier Bomsel est ingénieur civil des Mines et professeur d’économie industrielle à l’Ecole des mines de Paris. Il dirige au Cerna, le laboratoire d’économie industrielle de l’Ecole des mines, les travaux de recherche sur l’économie numérique.