tourisme
Banques US, pouvoirs publics, photographes
… les grandes banques américaines ont mis la main sur la commercialisation de la photographie mondiale.
Elles ont mis la main sur Getty, sur fotolia, sur Google, sur Facebook et sur tous les « sous-microstocks » qui draguent les photos gratuites des amateurs.
Ainsi, elles ont imposé leurs prix au ras des pâquerettes, provoquant faillites des agences, appauvrissement des photographes indépendants, abandon du métier, licenciements des staff photos des quotidiens et des magazines.
C’est un acte volontaire, réfléchi, exécuté avec la complicité des pouvoirs publics français qui n’ont rien fait pour faire respecter la loi. Le CPI.
Pire, ils ont encouragé la manoeuvre, accompagné les partenariats, favorisé l’implantation des américains dans les entreprises françaises et décoré les dirigeants.…
Les Mairies, les Conseils Régionaux, les Conseils Généraux, les Comités Départementaux du Tourisme, les Conseils Régionaux du Tourisme, la quasi totalité des diffuseurs font supporter leur propre crise sur le plus faible de la chaine, le photographe.
Le photographe, seul, isolé et donc incapable de se défendre contre cette avalanche de mauvais coups.
On lui vole son droit moral, son droit patrimonial et cela avec un cynisme dégoûtant, dans l’indifférence coupable de la justice dont la seule mission est pourtant de protéger le justiciable contre les hors la loi….
Une forêt mayennaise ?
Super photo de Joe.
Une ballade estivale en forêt en Mayenne, comme nous y invite cet agenda gratuit (support de ventes d’espaces publiciitaires) ?
Euh ben non, c’est une forêt allemande, photographié par un photographe allemand, photographe qui laisse ses travaux photo à un microstock (banque d’image en ligne à tarifs cassés qui appartiens à une transnationale de l’image US, elle même appartenant à un fonds de capital investissement américain, un "private equity fund").
Le modéle économique transnational du "Microstock", celui du capitalisme débridé, le capitalisme sans complexe de l’ultra-libéralisme, celui de la crise financière de septembre 2008 …. Pour un fonds de capital investissement, investir sur du "visuel" c’est potentiellement juteux, le "visuel" est pour les financiers une véritable machine à faire du cash, la matière première en effet ne coute rien, elle est fournie gratuitement par une internationale de généreux contributeurs qui vivent d’amour et d’eau fraiche à longueur d’année et qui signent des contrats sans les lire.
Cela aurait pu être une forêt en Inde ou ailleurs … l’élément le plus important étant le tarif … plus qu’au ras des pâquerettes, et dans le cadre d’une utilisation qui est celle du "libre de droits", système qui piétine le droit français, système qui piétine et qui précarise les auteurs.
Vous êtes photographe en Mayenne, avec des photos sur la Mayenne, faire une cession de droits pour une photo (à un tarif décent permettant une vie décente) représentant la Mayenne pour les besoins d’un couverture : mission impossible .
De manière globale, faire des cessions de droits photo pour des utilisations données (en conformité avec le droit français) sur la Mayenne … autant mettre son boitier photo dans une armoire … et le "libre de droits" en Mayenne était là (et il est toujours là sous cette forme) bien avant l’existence des microstoks, exemple la pratique (des structures publiques) qui consiste à demander aux photographes (ou aux salariés de structures publiques -salariés qui ne sont pas photographes-) d’alimenter des photothèques, dont les photos servent pour toutes utilisations, sur une durée indéterminée … çà produit des supports avec des visuels que l’on revoit pendant des lustres … visuels de photographes abonnés au "libre de droits" qui se sont envoyés toutes les commandes pendant des décennies ….
Merci la Mayenne du "libre de droits"!
Bougeons en Mayenne, pieds nus, dans les forêts et les prairies virtuelles de l’économie transnationale, en boycottant les auteurs, en les méprisant, en les précarisant, …
La mondialisation est un système qui a méthodiquement organisé la mise en concurrence mondiale, sans limite, sans scrupule, sans filet, sans foi ni aucune loi, des salariés, des entrepreneurs, des agriculteurs et de tous ceux qui ont été placés en compétition directe avec des travailleurs chinois, des ingénieurs indiens, et des paysans argentins, ceux-là mêmes qui n’ont d’autre choix que d’accepter des rémunérations de misère pour vivre ou survivre. A Montebourg, Votez pour la Démondialsation! Flammarion, 2011.
Gratuit de chez gratuit et photos au kilo
Pas besoin de photographes pros, surtout pas avec un statut d’auteur, vous vous rendez compte, verser des droits d’auteur pour une utilisation donnée alors qu’on peut avoir des photos pour toutes utilisations pour des broutilles, voire même en récupérer des gratuites … De plus, y’a t’y pas quelqu’un avec son compact qui sait appuyer sur un bouton … On va quant même pas débourser pour des photos pour le journal du pays untel, pour le dépliant culturel ou autre support … à la limite payer un pro qui laisse ses photos au kilo (pour toutes utilisations sur une durée illimitée et qu’on peut de plus donner à la presse, aux éditeurs de livres, aux pages jaunes) quant on ne peut pas faire autrement, m’enfin, çà coute cher quant même … et maintenant il y a les microstocks avec des photos à 3 francs six sous, piou, piou, c’est quant même bien, c’est l’évolution, faut faire avec son temps, le Code de la propriété intellectuelle, c’est quoi ce truc, connais pas, …
Une structure touristique, Comité Régional Tourisme Normandie : "… vous avez des photos qui m’intéresse, toutes les photos sont utilisées sur nos sites internet, édtions, salons, affiches, publi-rédactionnel, … dans le but d’une promotion de notre région dans le monde entier. Nous achetons les photos dans la cadre d’un "achat groupé", il n’est pas possible de vous donner le tirage, le format, …"
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La déliquescence des rapports sociaux dans les relations photographes/commanditaires a atteint un niveau optimal, le fait par exemple d’ être obligé -pour obtenir une commande- de laisser ses travaux pour toutes utilisations (y compris une commande d’une structure publique !), idem pour nos photos préexistantes : on nous demande de les vendre (en tant qu’objet matériel, comme si c’était des salades) au lieu de réaliser des cessions de droits en fonction de l’utilisation, en conformité avec le droit.
Cela va à l’encontre du droit français qu’on nous "impose", pour "travailler" avec par exemple des structures touristiques, de vendre nos photos d’une certaine façon "au kilo" pour alimenter les photothèques de ces structures, photos qui sont utilisées sur tous types de supports pendant des années et des années et photos qui sont données à des tiers (éditeurs de magazines, de livres, …-système du "libre de droits"). Et les supports qui utilisent ces photos laissées pour toutes utilisations pour x années utilisent également les photos des amateurs et les photos des microstocks pour compléter la "décoration" avec des visuels aseptisés réalisés n’importe où à travers le monde.
Comment peut-on avoir une couverture sociale normale et une retraite comme tout le monde avec ce genre de pratiques qui sont omniprésentes depuis des décennies ?
Ce genre de pratiques çà s’inscrit dans une volonté de "pérenniser les emplois" ou c’est plus simplement du dumping social pur et dur?
Article L.131-3 du Code de la Propriété Intellectuelle: La transmission des droits de l’auteur est subordonnée à la condition que chacun des droits cédés fasse l’objet d’une mention distincte dans l’acte de cession et que le domaine d’exploitation des droits cédés soit délimité quant à son étendue et à sa destination, quant au lieu et quant à la durée. Source : http://www.legifrance.gouv.fr/home.jsp .
Les photos libre de droit sur CD et libre de droit en diffusion en ligne vont complètement à l’encontre de cet article. Comme le dirait, l’auteur de l’anthologie « Le combat du droit d’auteur"( Impressions Nouvelles, 2001) :« … le droit d’auteur a toujours fait l’objet d’une lutte âpre, et qu’il a pu exister une distance certaine, pour ne pas dire un abîme , dans certains cas, entre la théorie des lois et la pratique des (non-)contrats… ». Et il y aura toujours des photographes incultes ou cyniques pour se prêter au non-droit des commanditaires, pour se plier à la loi ultralibérale du marché !
Si autant de libertés (de libertés ultra libérales) étaient prises par rapport aux salariés, c’est à dire avec le Code du travail, ce serait la révolution, si on se mettait à payer les salariés des structures publiques (dont certains dans les services de com nous imposent des conditions hors droit qui relèvent du dumping social le plus explicite) et privées à 1 euro de l’heure : les réactions seraient d’une intensité maximale ( le cpe avait mis des millions de personnes à manifester dans les rues). Et là, au niveau des pratiques de com (photos au kilo, libre de droits, … ) : il ne se passe rien ! La com est une cuisine particulière ! Vraiment très particulière ! On nous vend de la "citoyenneté" , de "l’emploi pour tous", de la "pérennisation de l’emploi" et autres belles valeurs, avec de la com (de plus avec la complicité des médias traditionnels qui font de leur côté dans le crowdsourcing : "envoyez nous vos photos!") dont les pratiques envoient les pros (qui respectent le droit français) au rsa! Cette grossière et honteuse farce va t’elle durer encore longtemps ?
L’utilisation des photos des amateurs, les photothèques internes alimentées par des salariés-non photographes, la photo au kilo pour alimenter ces mêmes photothèques, les photos des microstocks : çà ne crée pas d’emplois, çà ne permets pas de pérenniser des emplois de photographes, çà détruit les emplois, çà casse des situations professionnelles qui ont mis des années et des années à se construire !