creative commons
Les Creative Commons dans l’espace marchand
Cette photo n’est pas sous CC ! Toutes utilisations supposent l’accord préalable, sous forme écrite de l’auteur et le versement de droits d’auteur par l’utilisateur !
Sur Wikipedia le système des Creative Commons (CC) est présenté comme étant une “organisation à but non lucratif consacrée à épandre le champ de travaux créatifs pour les autres, afin de construire dans la légalité et le partage”.
Le système de licences des CC a été inventé afin de créer une alternative (afin de compléter ? Ou de contrer ?) au système du copyright : au lieu de soumettre toute exploitation des oeuvres à l’autorisation préalable des titulaires de droits, les licences C C permettent à l’auteur d’autoriser à l’avance certaines utilisations selon des conditions exprimées par lui, et d’en informer le public.
Visiblement après une période idéaliste (préoccupation de faire circuler les biens culturels via internet : information scientifique, partage de photos, musique entre particuliers, …, nous sommes en train de passer à une seconde phase.
Phase qui s’exprime de manière explicite dans un rapport de 2005 (avec le soutien de France télécom), rapport qui se préoccupe du développement futur des CC et ” de leur usage et de leur utilisation dans des approches industrielles” et qui se pose la question de savoir: ” en quoi le régime CC peut jouer un rôle dans l’économie des biens culturels… ”
Extraits:
” … nous nous penchons sur les limites actuelles des CC qui sont autant d’obstacles à lever pour envisager leur utilisation par des acteurs économiques majeurs…
Quels sont les limites (techniques, juridiques…) qui font obstacle aujourd’hui à un
plus grand usage des licences CC et ce faisant à leur mobilisation dans un environnement industriel ? Quelles sont les pistes pour lever ces obstacles ?… “
http://vecam.org/IMG/pdf/etude_Sopinspace_Creative_CommonsV1.pdf
Phase qui s’est concrétisée avec la nomination de Joichi Ito (entrepreneur et investisseur dans des start-up comme Last.fm, Flickr, Twitter, Six Apart…) en avril 2008 à la tête de l’organisation des CC.
Ito prend la place de Lawrence Lessig (juriste américain).
Interview de Ito sur Libération.fr (Sept 2008):
“Creative Commons, ce n’est pas seulement pour les gauchistes et les universitaires”
http://www.ecrans.fr/Joichi-Ito-Creative-Commons-ce-n,5072.html
Avec Ito j’ai l’impression, en décodant ses propos, que çà deviens très terre à terre, de l’idéalisme de l’échange on passe à la question de savoir:
Comment faire un maximum de cash pour les industries de contenu en ligne ? Comment exploiter au mieux avec l’outil des CC les oeuvres des amateurs qui cherchent à partager, à se faire connaitre, … ?
çà me fait penser au phénomène de l’explosion des radios en France dans les années 80, radios, qui pour la plupart sont rapidement passées sous le coupe de groupes, les transformant en déversoirs à tubes et à publicités.
Bienvenue au royaume des CC !
Comment peut-on réellement être dans un espace de partage non commercial quant on a ses oeuvres sur une plate forme comme Flickr (qui appartiens à la multinationale us Yahoo) ?
Dans la phase actuelle d’intégration dans l’espace marchand (groupes de presse, industries des contenus), les CC constituent une sorte de prétexte “légal” (une machine pseudo juridique permettant d’exploser les droits d’auteur), un système adéquat, un outil permettant de dégager un maximum de profits du crowsourcing (Crowsourcing comme mainmise des industriels du contenu sur les productions par la foule, le site Flickr en étant un ex explicite).
Joe
Exemple concret d’exploitation de contenu en ligne par une PME de presse:
http://www.marianne2.fr/Allemagne-d-aujourd-hui-1-4-un-succes-economique-en-trompe-l-oeil_a84611.html
Une usine à Djakarta. (Photo Delgoff, flickr,cc).
Marianne2 a pris la photo sur la page Flickr de Delgoff:
http://www.flickr.com/photos/delgoff/1726873295/
0 euros pour l’auteur de la photo, auteur pas mis au courant par la rédaction de Marianne2.
Il y a plein de photos CC sur ce journal en ligne !
Dans google:
site: marianne2.fr flickr
boite de recherche + clik sur l’onglet images
Pourtant la société Marianne à les moyens pour payer les photographes:
“Un contrat de régie publicitaire en ligne a été conclu avec la régie Hi Media. Marianne2.fr a en effet généré près de 4,5 millions de pages vues sur les 30 derniers jours …”
http://www.marianne2.fr/blog/Davantage-de-reclame-sur-Marianne2-fr_a31.html
Marianne2.fr est le journal en ligne de l’hebdomadaire Marianne.
Capital social 4.319.064,00 EURO
Chiffre d’affaires 24.100.000 EU au 30-06-2006.
Transnationales Idéologie du gratuit CC
Le système des Creative commons se présente avec une philosophie du gratuit en utlisant des notions comme celle de partage, de créativité, …
On retrouve cette même idéologie du gratuit avec le site de Libération qui présente son blog photo (http://photos.blogs.liberation.fr/, alimenté gratuitement par des photographes amateurs, photos que Libération s’autorise à utiliser gratuitement!) comme un espace de liberté, de convivialité où l’internaute peut laisser libre cours à son imaginaire, son originalité , son plaisir …
On nous sert un univers de libre circulation des oeuvres, de partage, de liberté, de vie culturelle intensive entre membres de communautés virtuelles …
A qui profite cet “eldorado” aussi “convivial” ?
A qui profite l’approvisionnement par la foule des plates formes de photos, vidéos, musique…?
Aux auteurs ? Ou, avant tout aux groupes industriels qui possèdent ces plates formes de ” gratuité ” ?
La captation industrielle des oeuvres, via internet, est désinteressée ? Ne serait ce pas plutôt le principe d’intérêt financier qui prime dans toute cette salade de “partage en ligne” ! Intérêt qui se masquerait avec les concepts de gratuité et de liberté, et qui se masquerait d’autant plus que les enjeux financiers sont importants, les subterfuges étant proportionnels aux possibilités de faire des profits pour les multinationales !
“L’esprit des licences Creative Commons correspond à la philosophie de Virgin.” Groupe Virgin. Source: http://www.ecrans.fr/Creative-Commons-poursuivi,2203.html.
Campagne de publicité de “Virgin Mobile Australia” avec une photo amateur Flickr (en creative commons) d’une adolescente de 15 ans :
http://www.smh.com.au/news/technology/virgin-sued-over-photo/2007/09/21/1189881735928.html
http://www.yannicklejeune.com/2007/09/alison-chang-co.html
Le groupe Yahoo rachète Flickr (Société canadienne Ludicorp)
“Beaucoup de ces services reposent, au moins en partie, sur des services indépendants que Yahoo! a acquis au fil du temps – tel que l’hébergeur GeoCities, eGroups ou Rocketmail. Beaucoup de ces acquisitions sont controversées et peu populaires auprès de certains utilisateurs, Yahoo! modifiant les termes du service. La société prétend par exemple posséder des droits intellectuels sur le contenu des serveurs, ce que les anciennes sociétés ne faisaient pas …
En février 2008, Microsoft annonce son intention de racheter Yahoo pour 44 milliards de dollars…”
http://fr.wikipedia.org/wiki/OohaY!
Gratuit ! Du déploiement de l’économie numérique
Olivier Bomsel
Folio Actuel (mars 2007).
Jamais la gratuité n’a été aussi présente, vantée et disputée qu’à l’ère numérique. Ce phénomène historique et économique singulier est souvent identifié à la baisse continue des coûts de traitement et de transport de l’information. Or il consiste avant tout dans les ” effets de réseau ” : grâce à l’extension du champ du codage binaire, les innovations numériques (Internet, moteurs de recherche, téléphones mobiles, moyens de paiement électroniques, télévision, etc.) voient leur utilité croître avec le nombre d’utilisateurs. Il faut donc conquérir le plus rapidement possible, par des subventions habilement choisies et créatrices d’irréversibilités, une masse critique d’utilisateurs. Résultat ? Des transferts mais aussi des rentes, des conflits d’intérêts ; on ne propose plus du ” moins cher ” comme au temps du fordisme et de sa concurrence par les coûts, mais du gratuit, catalyseur de déploiement ; grâce à cela, des monopoles émergent, avec la domination de Microsoft, le succès de Google, le déploiement de la téléphonie mobile ou des réseaux peer-to-peer… Arme économique redoutable, le gratuit n’est plus une subversion collective, mais un outil privé au service des entreprises. Ses mécanismes sont plus subtils, plus violents, plus contestables que les promesses qui les entourent. Qui a intérêt à donner ? Comment les transferts s’opèrent-ils ? Dans quels buts, au bénéfice de qui, en quête de quels effets ?
Olivier Bomsel est ingénieur civil des Mines et professeur d’économie industrielle à l’Ecole des mines de Paris. Il dirige au Cerna, le laboratoire d’économie industrielle de l’Ecole des mines, les travaux de recherche sur l’économie numérique.