La raison politique
Critique de la raison politique.
Régis Debray.
Gallimard 1981.
Repris en poche, toujours chez Gallimard, collection Tel, 1987.
La politique a de tout temps rendu les hommes fous, bêtes ou dangereux, bref déraisonnables. C’est le sens commun qui le dit. Or toute déraison a sa raison et rien n’arrive sans cause. C’est le bon sens qui le veut. D’où la question critique : pourquoi faut-il que les hommes déraisonnent dès lors qu’ils vivent en groupe ? La réponse prend ici la forme d’une remontée vers la condition de possibilité du délire collectif. Elle commence par l’examen des discours du délire (aujourd’hui " idéologiques ") et s’achève dans celui de la structure logique d’un groupe stable. Il en ressort que l’incomplétude de tout ensemble fermé détermine l’usage possible de l’aptitude des hommes à agir et à s’organiser collectivement. Rigoureuse contrainte que la tradition critique baptise discipline. " La politique m’a longtemps caché le politique ", écrit Régis Debray. Elle le cache, non pas au sens où un train en cache un autre, mais où n’importe quel train cache les rails sur lesquels il roule. Il y a beaucoup de trajets, et de vitesses, mais un seul, chemin de fer – ou de croix. Etablissant de façon strictement matérialiste la nature religieuse de l’existence collective, cette critique de la Raison politique découvre dans les pratiques d’organisation des invariants, dont l’ensemble constitue l’" inconscient politique " de l’humanité, ou, si l’on préfère, son éternel présent. En somme, pourrait redire l’auteur : " Je ne cours pas le danger d’être contredit, mais bien celui de n’être pas compris. "
Le fondement du politique est constitué par le religieux, c’est-à-dire le symbolique, le transcendant, le sacré, la croyance. C’est la conclusion à laquelle aboutit Régis Debray dans sa longue Critique de la raison politique. erudit.org
Comment faire groupe et qu’est-ce qui permet à une personne morale de ne pas disparaître avec les personnes physiques qui en font partie ? C’est la question que je me pose depuis plus de trente ans. L’union ne va pas de soi puisque l’homme, dit-on, est un loup pour l’homme. Et pourtant, il existe des collectifs, nations, tribus, clubs, équipes, loges, églises. Qu’est-ce donc qui fait d’un puzzle une durable architecture ? Il me semble que c’est une transcendance, située au-delà du donné immédiat. Pour qu’il y ait de l’appartenance, il faut un point d’absence, un trou fondateur, un vide sommital qui peut être un ancêtre, un texte, un événement, un mythe, une attente. Ce point de fuite, qui assure à la fois cohésion et pérennité, c’est ce qu’on appelle le sacré. J’y vois un besoin invariant, aux formes d’expression très variables puisque chaque groupe humain
produit ses sacralités … http://www.lemondedesreligions.fr
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