Grand monde
L’ Etat au service du néolibéralisme
La nouvelle raison du monde : Essai sur la société néolibérale
Pierre Dardot, Christian Laval
Editions La Découverte (janvier 2009).
Après la crise financière de 2007-2008, il est devenu banal de dénoncer l’absurdité d’un marché omniscient, omnipotent et autorégulateur. Cet ouvrage montre cependant que, loin de relever d’une pure “folie”, ce chaos procède d’une rationalité dont l’action est souterraine, diffuse et globale. Cette rationalité, qui est la raison du capitalisme contemporain, est le néolibéralisme lui-même. Explorant sa genèse doctrinale et les circonstances politiques et économiques de son déploiement, les auteurs lèvent les nombreux malentendus qui l’entourent : le néolibéralisme n’est ni un retour au libéralisme classique ni la restauration d’un capitalisme ” pur ” qui refermerait la longue parenthèse keynésienne. Commettre ce contresens, c’est ne pas comprendre ce qu’il y a précisément de nouveau dans le néolibéralisme. Son originalité tient plutôt d’un retournement que d’un retour : Loin de voir dans le marché une donnée naturelle qui limiterait l’action de l’État, il se fixe pour objectif de construire le marché et de faire de l’entreprise le modèle du gouvernement des sujets. ” Par des voies multiples, le néolibéralisme s’est imposé comme la nouvelle raison du monde, qui fait de la concurrence la norme universelle des conduites et ne laisse intacte aucune sphère de l’existence humaine, individuelle ou collective. Cette logique normative érode jusqu’à la conception classique de la démocratie. Elle introduit des formes inédites d’assujettissement qui constituent, pour ceux qui la contestent, un défi politique et intellectuel inédit. Seule l’intelligence de cette rationalité permettra de lui opposer une véritable résistance et d’ouvrir un autre avenir.
L’Europe des multinationales
Europe Inc : Comment les multinationales construisent l’Europe et l’économie mondiale
de Belén Balanya, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma’anit, Erik Wesselius
Editeur: Agone, avril 2005
510 pages, 12 euros
La politique européenne et la Commission de Bruxelles sont sous la haute influence
des lobbies industriels, au premier rangs desquels se trouve l’ERT (European Round
Table) qui rassemble les intérêts de 45 multinationales européennes.
En 2004, le Conseil européen invitait tout naturellement Gehrard Cromme, PDG de Thyssenkrupp et président de la Table ronde des industriels européens (ERT) – lobby qui constitue depuis les années 1990 une des principales forces de la scène politique européenne. Dans son discours, il appelait de ses vœux la concentration, entre les mains d’un ” commissaire unique – tout dévoué à la concurrence totale sur des marchés libres -, des portefeuilles du marché intérieur, de l’industrie et de la recherche, capable d’accélérer au niveau européen mais aussi aux échelons nationaux la mise en œuvre des décisions “. Et de conclure : ” Il est temps de savoir à quel niveau d’excellence nous pouvons parvenir. Le marché mondial sera notre seul juge. ” Le Conseil devrait procéder au printemps 2005 à l’évaluation de la stratégie de Lisbonne. Outre les recommandations de l’ERT, il pourra s’appuyer sur le rapport d’un ” groupe de haut niveau ” qui compte un responsable d’Unilever, le vice-président de Nokia, le directeur général de la Société européenne des satellites, et l’ancien président de la Confédération européenne des syndicats. Le rapport reprend à son compte la nécessité de tenir les objectifs et les délais fixés avant l’élargissement et la crise des valeurs technologiques, malgré ou peut-être à cause de l’opposition grandissante des citoyens qui découvrent les conséquences sociales et environnementales de cet agenda.
15000 lobbyistes installés à Bruxelles (groupes industriels, bureaux de relations publiques, ..) objectif: influencer les décisions prises à la Commission de Bruxelles et influencer les médias (un millier de journalistes à Bruxelles). “Le quatrième pouvoir -la presse- a soldé son indépendance pour s’accomplir en instrument de propagande” R Jennar. Le Monde, édition papier, 29-30 janvier 2006, page 15
et :
Europe, la trahison des élites
de Raoul Marc Jennar
Fayard 2004.
L’Europe ne dit pas ce qu’elle fait ; elle ne fait pas ce qu’elle dit. Elle dit ce qu’elle ne fait pas ; elle fait ce qu’elle ne dit pas. Cette Europe qu’on nous construit, c’est une Europe en trompe l’œil. “
Voilà ce que pensait Pierre Bourdieu.
Sa réflexion est le point de départ de ce livre. Aujourd’hui, l’Europe n’est pas une communauté de valeurs, mais une communauté d’intérêts où l’individualisme l’emporte chaque jour davantage sur le bien commun, à l’image d’une société américaine souvent décriée, mais de plus en plus imitée. A l’aide de multiples cas concrets, Raoul Marc Jennar met en évidence cette ” trahison ” et montre comment l’Union européenne agit à l’opposé de ce qu’elle proclame. Ses institutions ne sont pas démocratiques et transparentes, mais technocratiques et opaques. Ses politiques ne servent pas l’intérêt général, mais celui des milieux financiers et des lobbies d’affaires. Au sein de l’Organisation mondiale du commerce, elle défend parfois les propositions ultralibérales avec plus de force que les Etats-Unis. Enfin, sous couvert de ” partenariats ” avec les pays du Sud, elle se livre en fait à une véritable recolonisation de leurs économies.
Confessions d’un ex trader-killer de l’économie
C’est sur le journal Le Monde daté d’aujourd’hui (page 12 version papier) :
“Cette crise est le résultat de l’absence totale de régulation du marché et de la connivence entre les financiers et les politiques. En passant au gouvernement, d’anciens dirigeants de Wall Street, tels Robert Rubin ou Henry Paulson, ont fait en sorte de limiter la réglementation pour défendre les intérêts des financiers … ”
lemonde.fr
Le Loup de Wall Street
Belfort Jordan
Max Milo (avril 2009).
Déjanté, drogué, drôle et … multimillionnaire. Tel est le portrait explosif de Jordan Belfort surnommé le « Loup de Wall Street ». L’auteur mène de main de maître ce récit autobiographique endiablé. En 1987, âgé de vingt ans à peine, il entre au plus bas de l’échelle dans une société d’investissements de New York. Six ans plus tard, Belfort est à la tête de sa propre société boursière, Statton Oakmont. À ce stade, ses activités lui rapportent 1000 dollars par minute. Chaque jour il est à la tête d’un nouveau million. Multimillionnaire, son quotidien ressemble à celui d’un roi et ses excès sont à faire pâlir les plus grandes des rocks stars. Entre cocktails de drogues et prostituées, il ira jusqu’à se crasher en hélicoptère sur sa propre maison familiale. Au sommet de sa fortune, il hasarde des placements douteux en Suisse. Une aventure qui marque le début de sa chute vertigineuse et provoque son arrestation par le FBI.